Comment est défini le bien-être animal ?

La question du bien-être animal émerge chaque fois que les humains interfèrent avec les animaux (Mormède et al., 2018). Elle concerne ainsi les animaux d’élevage, de compagnie, hébergés en zoo, ceux utilisés dans un cadre scientifique ou d’assistance à l’humain. Elle prend une place de plus en plus importante dans notre société, notamment aux vues des évolutions des connaissances scientifiques et de leur transposition dans le cadre réglementaire. 

L’organisation mondiale de la santé animale (OIE) définit le bien-être animal comme étant « l’état physique et mental d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt ». Les principes directeurs qui guident l’OIE en matière de bien-être des animaux terrestres se réfèrent aux « cinq libertés fondamentales » énoncées en 1979 par le Farm Animal Welfare Council (Animal Welfare Council, AWC depuis 2019). Universellement reconnues, ces cinq libertés décrivent les attentes de la société vis-à-vis des conditions de vie des animaux lorsqu’ils sont placés sous la responsabilité de l’humain : absence de faim et de soif, absence d’inconfort, absence de douleur et de maladie, absence d’expériences négatives et liberté d’exprimer des comportements normaux.

Les 5 libertés (FAWC, 1979)

Depuis la définition du bien-être animal a évolué, passant de la seule indication d’un fonctionnement biologique équilibré à l’inclusion des expériences subjectives d’un animal. En 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a proposé une définition qui tient compte des dernières connaissances sur la nature sensible et consciente des animaux : 

« Le bien-être animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. » 

ANSES, 2018

Le concept de bien-être intègre donc sur le même plan la dimension physique (ex : la douleur) et la dimension mentale (ex : la souffrance) du ressenti de l’animal dans son environnement (Mormède et al., 2018). Ces émotions sont liées aux expériences négatives et positives qui rythment la vie d’un animal. Il est important de distinguer :

  1. L’état émotionnel, qui dépend du contexte immédiat (ex : peur suite à un bruit inhabituel) et peut évoluer rapidement en cas de changement de contexte (ex : état relaxé après la disparition du bruit)
  2. L’état global de bien-être qui correspond à la somme des expériences positives et négatives vécues par l’animal. Si l’animal est souvent dans des situations stressantes (ex : animal isolé, dans un environnement bruyant, de petite taille et sans source d’occupation ou animal en groupe mais souvent blessé à la suite de conflits), son état de bien-être sera considéré comme négatif. Si au contraire il est dans un environnement calme, adapté, sans conflits avec ses congénères, qu’il reçoit de la nourriture adaptée et vit parfois quelques évènements stressants de courte durée (ex : changement d’enclos), son état de bien-être sera considéré comme positif. 
L’état, positif ou négatif, de bien-être dépend de la somme des expériences positives et négatives, comme dans le diagramme ci-dessus.
(modifié d’après Zoo and Aquarium Association Australasia (ZAA) 2021

Ainsi, pour conclure à un état de bien-être globalement positif ou négatif, il est nécessaire de répéter les procédures d’évaluation afin de comprendre si l’animal vit au quotidien un plus grand nombre d’expériences positives que d’expériences négatives. 

Il faut également comprendre que le bien-être est un état individuel car chaque animal a sa propre perception de l’environnement en fonction de sa personnalité, son statut social ou ses expériences passées. Ainsi, des animaux vivants dans le même environnement peuvent avoir un état de bien-être différent. 

Enfin, l’état de bien-être est un état variable au cours du temps. L’animal évolue dans un milieu changeant (changement de saison, reproduction, naissance de nouveaux individus, blessures, maladies, âge, etc.) et ces changements de situations peuvent être stressants ou au contraire plaisants pour l’animal. Ainsi, en fonction de la perception de la situation, son état de bien-être peut varier, c’est pourquoi il est nécessaire d’effectuer régulièrement des évaluations (ex : à chaque changement de saison).

– En résumé –

Le bien-être animal, c’est :

  • Un état qui est lié à des expériences subjectives vécues par l’animal (émotions)
  • Un état qui est influencé par l’environnement de l’animal (son milieu de vie et les soins qu’il reçoit)
  • Un état individuel
  • Un état qui varie au cours du temps

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